La liturgie des heures — Diocèse de Sens & Auxerre

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La liturgie des heures

La prière des heures rythme la journée du moine en proposant un rendez-vous avec Dieu à l’église, toutes les trois heures environ, depuis 6 h jusqu’à 20 h 30, auquel s’ajoute la prière de la nuit. Ces rendez-vous sont d’inégale importance.

L'office de la nuit, les Vigiles, dure une heure. C’est un temps de prière pour le monde et de veille dans l’attente de la venue du Seigneur.

Les Laudes et les Vêpres permettent chaque matin et chaque soir de faire monter vers Dieu notre louange, d’écouter sa Parole et d’intercéder pour les hommes. Puis dans la journée, il y a trois petits rendez-vous d’un quart d’heure, pour sanctifier le temps qui passe, c’est-à-dire pour présenter à Dieu tous les moments de la journée.

Cette prière est reçue, elle n’est pas inventée par chacun. C’est la prière de la communauté et la prière de l’Église. Ensemble, nous sommes une portion d’humanité qui se tourne vers Dieu au nom de tous. Ensemble, nous remercions Dieu pour ses bienfaits à travers des hymnes et des psaumes. Ensemble, nous écoutons et nous méditons sa Parole et son dessein de sauver le monde par le Christ. Enfin, nous présentons à Dieu nos demandes au nom de tous les hommes.

“Pour que tout s’accomplisse aux heures voulues” (Règle de saint Benoît, chapitre 47, v. 1)

La sagesse populaire commenterait ainsi cette recommandation de saint Benoît au chapitre 47 de sa règle : “avant l’heure, ce n’est pas l’heure, après l’heure, ce n’est plus l’heure”. L’annonce de l’œuvre de Dieu qui rythme les journées obéit à cette exigence de ponctualité. Les cloches électrifiées, en lien avec une minuterie, nous rendent, de ce point de vue, un vrai service. Mais qu’elles viennent à se dérégler et nous ne savons plus bien où nous en sommes. Nous mesurons alors combien la régularité de l’annonce des heures contribue au déroulement paisible et harmonieux de nos journées.

Comme le dit l’Ecclésiaste, “il y a un temps pour tout et un temps pour chaque chose sous le ciel” (Qo 3, v. 1-2). Nous pouvons ajouter en contexte monastique : “un temps pour travailler, un temps pour célébrer l’office, un temps pour dormir, un temps pour veiller”.

La vie monastique s’offre à nous comme une pédagogie très concrète pour faire toute chose aux heures voulues. Pour quoi faire ainsi une chose, puis s’arrêter sans avoir nécessairement achevé la première pour passer à autre chose ? Pourquoi cesser le travail là où il en est pour aller à l’Office ? N’est-ce pas pour nous apprendre la vraie dynamique du temps qui passe dans la lumière de Dieu ?

Le temps n’est pas notre propriété qu’il faudrait à tout prix calculer, monnayer, épargner… Il nous est offert comme un don pour nous permettre de déployer toutes nos potentialités de maturité, de don, mais aussi de relation, d’émerveillement, de gratuité. Laissés à nous-mêmes, nous serions tentés soit de nous enfermer dans le travail, soit de nous laisser vivre paresseusement. L’alternance des activités et des jours dans la vie monastique est une belle école pour lâcher prise et apprendre à déployer toutes nos potentialités de dons de nous-mêmes et d’ouverture aux autres et à Dieu de qui nous recevons tout. Regardons avec bonheur cette alternance, où toute chose faite au temps voulu avec sérénité nous enseigne la belle profondeur de la vie des enfants de Dieu. Si nous nous surprenons à subir trop souvent ou à maugréer contre cette alternance des activités, prenons le temps de faire le point sur notre rythme. C’est le signe que quelque chose est à revoir. Entrer dans ce rythme et vivre nos journées dans la lumière de Dieu est un long apprentissage de liberté.

frère Luc, père abbé de la Pierre-qui-Vire

article paru dans la revue Église dans l'Yonne - ÉDY, été 2020