Simplicité ne veut pas dire simplisme !
Chers amis lecteurs,
La période inédite que nous traversons nous a sans doute mis en demeure de retrouver ce qui fait l’axe de notre vie. Le dimanche 19 avril 2020, nous avons pu méditer sur ce que peut être la "divine miséricorde".
J’aime à parler de l’immense bonté de Dieu dont nous pouvons être traversés, c’est-à-dire cette bonté du Seigneur dont nous bénéficions sans nécessairement la mériter, mais aussi cette bonté de Dieu qui peut informer notre façon de penser et d’agir, cette bonté de Dieu qui peut unifier notre vie.
Comme nous avons souhaité l’illustrer dans le numéro de mai d’Église dans l'Yonne, cette bonté de Dieu peut simplifier grandement notre vie. Comme le disent fréquemment les psaumes, lorsque le cœur n’est pas partagé, la vie est beaucoup plus simple. Effectivement les Actes des Apôtres nous rapportent que lorsqu’on prend tous les moyens que la vie en Église nous donne pour se laisser imprégner par la bonté de Dieu, la vie est beaucoup plus simple. Cette simplicité devient presque naturelle parce que l’ambition de tout réussir dans notre existence en se privant de l’amour de Dieu et en se privant de la vie de l’Église devient spontanément inenvisageable.
Est-ce que pour autant cela résout tous les défis que nous avons à affronter ? Certainement pas ! La complexité des enjeux dans notre société peut parfois nous impressionner. La situation que nous traversons à cause de cette pandémie en est une illustration flagrante. Peut-être que comme moi-même, vous constatez que la vertu d’humilité reprend quelques couleurs. Entendre de grands scientifiques, des responsables du bien commun parler de cette notion d’humilité peut probablement nous laisser entrevoir que des progrès sont possibles pour appréhender avec justesse le réel.
Notre dossier abordant cette question de la simplicité peut être un éclairage approprié à notre actualité : en effet, si nous abordons les responsabilités en ayant une forte conscience de la complexité des enjeux, mais avec un cœur simple, c’est-à-dire unifié, apaisé, informé par cet amour unifiant de Dieu, alors c’est dans la modestie que nous orientons nos décisions sans sombrer dans les simplismes destructeurs.
Les titres des journaux, les slogans courts, lapidaires sont parfois des sirènes qui entraînent au naufrage. Il est de ces formules qui closent toute recherche, tout échange, tout progrès. Il est de ces formules cinglantes qui procurent du plaisir aux auteurs mais anéantissent toute progression, voire qui anéantissent les personnes.
Le cœur simple selon le psalmiste renonce à ce comportement. La simplicité évangélique met en route, en recherche du vrai, en recherche de ce qui est juste. C’est une simplicité enthousiasmante qui permet au priant de devenir explorateur de l’amour de Dieu, de ce qu’est la divine miséricorde. C’est une simplicité de cœur qui permet à la personne que nous rencontrons d’advenir à elle-même ; lorsque le chrétien parvient à cette simplicité, alors on n’a pas peur de le rencontrer, d’entrer en dialogue, de libérer une parole.
Les écoutants pastoraux que sont les personnes qui reçoivent les familles en deuil, les personnes qui accueillent des fiancés, des jeunes parents qui souhaitent le baptême pour leur enfant, le savent bien : un cœur préparé à ces rencontres par la prière, une vie chrétienne sincère se met en capacité de devenir abordable et simple. Pour aborder la complexité des situations pastorales, cette simplicité spirituelle devient de plus en plus une nécessité.
Merci à tous ceux qui ont accepté dans ce numéro d’aborder cette notion de simplicité.