Rallumer le feu — Diocèse de Sens & Auxerre

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Rallumer le feu

Édytorial de la revue diocésaine de mai 2023, par Mgr Hervé Giraud.

Comme l’eau, le feu est un élément à la fois indispensable et terrifiant. Nous en sommes les témoins désemparés lors des incendies redoutables qui se déclarent de plus en plus fréquemment en France. Mais nous le voyons aussi réchauffer le foyer, au cœur de l’âtre.

Dans la Bible, le feu apparaît tout autant comme une réalité ambivalente, associé à l’Esprit ou aux flammes de l’enfer, à la lumière, à la purification, ou à la dévastation.

Le feu accompagne aussi nos liturgies. À Pâques, il est préparé hors de l’église pour être béni : “Seigneur Dieu, par ton Fils, tu as apporté à tes fidèles le feu de ta splendeur ; sanctifie ce feu nouveau ; accorde-nous, durant ces fêtes pascales, d’être enflammés d’un si grand désir du ciel que nous puissions parvenir, avec un cœur pur, aux fêtes de l’éternelle lumière”. À la Pentecôte, des langues “qu’on aurait dites de feu” apparurent pour se partager : “Il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit” (cf. Ac 2,1-4). Du feu nouveau aux langues de feu, il se produit comme une transformation que symbolise le baptême nouveau annoncé par Jean-Baptiste : “Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu”. (Mt 3,11).

Ce feu dévorant, il nous revient de le rallumer en nous : s’il y a un feu à entretenir, c’est bien celui du baptême. Il continue de brûler en nous “sans se consumer”, comme le buisson où apparut l’ange du Seigneur dans l’Exode (Ex 3,2). S’il nous éloigne de la “géhenne de feu” (Mt 5, 22), du feu éternel (Mt 18, 8) ou de l’étang de feu (Ap 19, 20), il est d’abord le feu de l’Esprit. Il ne doit servir qu’à la paix et non à détruire (Lc 9,54). L’arme à feu des chrétiens n’est autre que le feu de l’Esprit, “qui est Seigneur et qui donne la vie” !

Comment donc rallumer ce feu que le Christ est “venu apporter sur la terre” (Lc 12, 49) et qu’il nous revient de propager ? Tout d’abord en nous laissant guider par ce feu jusque dans nos obscurités, comme lorsque le peuple marchait “la nuit dans une colonne de feu” en étant ainsi éclairé (Ex 13, 21).

Les 64 baptisés adultes de Pâques nous ont donné de multiples témoignages de la manière dont le feu s’est allumé en eux. Ils nous rappellent que c’est toujours Dieu qui prend l’initiative d’allumer comme de rallumer le feu, là où il veut et quand il veut. Certes ces signes sont faibles, voire dérisoires… mais le but n’est pas de faire nombre : l’accroissement de la communauté n’est qu’une conséquence d’une attention gratuite, d’un service rendu, d’une charité discrète. Rallumer le feu implique d’être attentif aux brindilles, à ces petits feux à alimenter çà et là, aux paroles des plus faibles.

Alors que s’approche la clôture du bicentenaire du diocèse, avec plus d’une centaine de confirmands adultes, rappelons-nous que “Notre Dieu est un feu dévorant” (He 12, 29) et que le passé a déjà montré qu’“un tout petit feu peut embraser une très grande forêt” (Jc 3,5). ν

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