Douzième méditation : Jeudi 26 mars 2020 — 16. Paroisse Saint-Germain d'Auxerre

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Douzième méditation : Jeudi 26 mars 2020

À partir de la Première lecture (Ex 32, 7-14)

Texte de référence

Dans la première lecture de ce jeudi, nous sommes témoins d’une de ces étonnantes négociations que nous réserve l’Ancien Testament: Moïse, descendant de la montagne après que Dieu lui eut donné les tables de la Loi, apprend que le Peuple s’est fabriqué un veau d’or devant lequel il se prosterne et auquel il offre des sacrifices en attribuant à ces « dieux » de l’avoir fait « monter du pays d’Égypte ». Suite à cette annonce consternante, nous assistons à un étrange dialogue entre Dieu et Moïse; Si l’on suit le texte à la lettre, on entend que Dieu, rempli de colère, écarte Moïse, comme on écarte un ami voulant nous éviter la bagarre, et annonce l’extermination du Peuple. À cette divine colère, Moïse répond en rappelant à Dieu ce qui Il est et ce qu’Il a fait pour ce Peuple (avouez que c’est presque cocasse). Il veut défendre l’honneur de Dieu et de sa Parole qui serait en quelque sorte bafoué si le Seigneur cédait à sa colère; « Que diraient les Égyptiens eux-mêmes? », dit Moïse. Et l’on voit Dieu renoncer au mal, comme un enfant qu’on a convaincu à grand peine. Il n’est pas possible de lire ce texte sans comprendre que c’est dans le cœur de Moïse et du Peuple que s’est déroulé ce cheminement allant de la colère à la repentance et au pardon. Dieu n’a besoin de personne pour calmer ses colères et pour discerner ce qui est juste, mais il s’est choisi Moïse pour conduire son peuple de l’esclavage d’Égypte à la liberté de la Terre Promise. Le rôle de Moïse est de réaliser progressivement dans sa propre relation à Dieu, et de faire découvrir au Peuple, quelle est la vraie face de Dieu. Ce Peuple, comme chacun de nous est perpétuellement travaillé par les ferments du paganisme qui ramène le divin aux dimensions terrestres et aux mesquineries des hommes, et il nous faudra toujours libérer Dieu de l’esclavage dans lequel le tiennent nos superstitions en tout genre. Ce qui nous est présenté dans ce passage n’est donc pas la conversion de Dieu à ce que Moïse lui propose, mais la conversion de l’homme à la Vérité divine, sous la forme d’une négociation de diplomates. Quelle que soit la forme nous sommes partis du constat de l’infidélité qui mérite punition, pour arriver à l’idée d’un pardon suscitant la conversion et non la peur. L’homme devra toujours partir en exode, au désert, pour y réapprendre à découvrir ce qu’il est lui-même en réapprenant à découvrir son Créateur et Sauveur. Que ces jours nous y aident.